À MA JEUNESSE
 

C ' est donc toi, ma jeunesse,
Toi que j' avais laissée,
Honnie, abandonnée,
Pour suivre une promesse?

Tu frappes dans le dos
De mes cheveux blanchis
Par l' âge et tu me dis
Que jadis j' étais beau.

Tu viens me rappeler
Que mes hésitations
Ont brisé les chansons
De mon cœur égaré,

Tu viens me reprocher
D' avoir terni tes rêves,
Tu m' accuses des trêves,
Des temps morts imposés

Par la vie à ta flamme,
Tu me craches dessus,
Sur moi qui n' ai pas su
Retenir cette femme...

Tu viens pleurer ton saoûl,
Penchée sur mon épaule,
Tu pleures comme un saule,
Presque à m' en rendre fou.

Dis-moi: mais que veux-tu?
Veux-tu donc que j' oublie
Cette nouvelle envie
De mon cœur mal repu?

Tu pèses tant sur moi!
Te crois-tu seule au monde,
Seule sur qui se fonde
La vie de bon aloi?

Il est d' autres regards,
Des yeux ensorceleurs,
Câlins et enjôleurs,
Et d' où partent les dards

De l' amour infini,
De la passion sublime:
Dans la foule anonyme,
Une fleur m' a choisi,

Et je suivrai sa loi
Sans peur jusqu' à l' ivresse.
Alors toi, ma jeunesse,
Regarde, et envie-moi!

PER LEGIR
BIOGRAFIA
ACUÈLH